• Racines

              Quand les mouettes nous enlacent, l'édredon se déchire.

     

              Perçant de leurs cris le lit entrouvert, les vagues d'écumes fouettent de fraîcheur le visage du dormeur.

              Ses pieds poussent sans sol, ses paumes brassent, décollent.

              Poings fermés, narines ouvertes ; aspire l'immensité verte.

              Images féeriques, nuit, constellations oniriques, reflets d'argent sur les flots enivrants.

             La terre est en bas. Le corps se balance dans un courant bohémien. Léger. Libre enfin. Deux bras, deux jambes, le vide est sans vertige. Nous voilà au cœur de l'attraction morte, de la physique imaginaire ; cervelles dénudées, dépassons-nous ; on peut ; oui ! Voler !

              Ohé ! Les béas de l'en-bas, on vous voit ballots de l'en haut.

             Mon rêve est un trois-mâts, je vais sans trépas ni boussole à la recherche des herbes folles. Aux confins, je m'égare. Il est si grand l'univers. Moi. Nous. Que sais-je ? Tout est mêlé, j'ai huit milliards de visages. Le paradoxe de ma personnalité se décolorise de questions en questions. Qui suis-je ? Où vais-je ? J'irais ivre dans mes livres vers un oubli de perception. Comment ? Pourquoi ? Vide tes nerfs, chère engourdie ! La lucidité me tordra le cou.

              Je veux, un peu, de ce blanc de rocher ; un brin de bleu à mastiquer. Laissons couler, sur les arbres, sur nos crânes, nos bouches et nos branches ; d'un même pinceau vert repeignons la pierre de tes seins ; croquis, de toi, de moi, de lui, et d'elle aussi. Tous exilés de là-bas, si vides de nos moi. Moi !

              Moi, je ne peux plus descendre. Comprenez-moi, c'est trop bon, voler ! c'est une drogue. Je trouve ça plus saint que cette marche entreprise.

     

             Citoyen, mon différent, brisons nos fers semblables, nos chaînes ensemble. La divine volonté resplendit, propre volonté déchirée ; allons, rien n'existe ! Rébellion !

              Cessons de geindre l'incompétence, boules civilisées, que nos racines s'élèvent ; poussés par l'océan, nos ailes en pennes ; il ne nous manque qu'un firmament.


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